Erinnerung an Moruroa

Vérité et dignité

A-t-on jamais vu les descendants des peuples indigènes célébrer avec faste le jour anniversaire où ils perdirent leur dignité de peuple libre ? A-t-on entendu que les nations indiennes d’Amérique célèbrent dans les chants et les danses l’anniversaire de la bataille de Wounded Knee où ils perdirent leurs terres et furent parqués dans des réserves ? A-t-on entendu que les peuples aborigènes d’Australie ou que le fier peuple Kanak célèbrent l’anniversaire de leur mise en apartheid et de la colonisation de leurs terres ?

Le peuple qui est en Polynésie et une partie de ses dirigeants ont-ils perdu toute dignité en dévoyant la mémoire du jour où leurs îles furent colonisées ?

Aujourd’hui, 2 juillet 2007, la " patrie " serait-elle reconnaissante ? J’ai honte pour les dirigeants de mon pays - la France - qui, aujourd’hui font recevoir le Président de ce pays par la " ministre de l’immigration " ? Quel symbole méprisant pour celui qui se proclame plus français que les français !

Aujourd’hui, 2 juillet 2007, jour anniversaire de la première bombe à Moruroa, la première des 193 bombes qui explosèrent sur vos atolls : en fera-t-on la mémoire ? Trente ans de bombardements nucléaires n’ont-ils pas bouleversé l’histoire, la culture et la cohésion de votre peuple ? Alors pourquoi ce silence ?

Nous devons reconstruire la mémoire de ce peuple sur la vérité sans oublier ces deux derniers siècles de la longue et extraordinaire histoire du peuple polynésien. A-t-on jamais taxé les Japonais d’" anti américains " parce qu’ils célèbrent chaque année les tristes anniversaires d’Hiroshima et de Nagasaki ?

La vérité et la dignité construiront l’avenir du peuple qui est en Polynésie, bien plus que les milliards que les actuels dirigeants vont quémander au pouvoir colonial. Que tous ceux - femmes et hommes engagés dans la politique, les Eglises, les associations et simples citoyens - qui ont la volonté et le désir de construire l’avenir du peuple qui vit en Polynésie se donnent les moyens de lui rendre sa dignité dans la vérité de son histoire.

Bruno Barrillot